L'EQUITATION ET LE SYSTEME NERVEUX AUTONOME DU CHEVAL
Nous le savons, les chevaux appartiennent à la famille d'espèce des mammifères.
Si leur morphologie et leur niveau de conscience diffère de celui des humains, il n'en partagent pas moins de nombreuses similitudes physiologiques métaboliques.
Ils disposent ainsi des mêmes cinq capacités sensorielles que les humains : la vue, le toucher, l'ouïe, l'odorat et le goût. Ceux-ci sont par ailleurs bien plus développé que chez les humains.
Ils ont également un système nerveux autonome composé du système nerveux sympathique (qui gère l'action) et d'un système nerveux parasympathique (qui gère le retour au calme).
Nous trouvons chez eux également un système vestibulaire de l'oreille interne qui comprend des structures sensorielles jouant un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre et de la posture.
Ces éléments sensoriels détectent les mouvements et les changements de position de la tête et du corps, fournissant ainsi des informations cruciales au cerveau sur la position et le mouvement de l'organisme dans l'espace.
DECRYPTAGE EQUESTRE
Le système vestibulaire (oreille interne) est particulièrement développé chez les chevaux pour les aider à maintenir leur équilibre lorsqu'ils se déplacent à différentes vitesses, effectuent des virages serrés ou se déplacent sur des terrains variés. Les informations sensorielles provenant du système vestibulaire sont associées et intégrées avec d'autres informations sensorielles, telles que la vision et la proprioception afin de leur permettre d'évoluer avec agilité dans leur environnement.
Ainsi n'ont-ils pas besoin d'un humain qui les maintiennent de manière arbitraire dans une posture artificielle issue d'un cogito spéculatif.
Les capteurs de l'oreille interne, associés à leurs capacités sensorielles agissent en permanence sur le système nerveux autonome qui va agir de manière automatique pour maintenir le cheval en équilibre dans son environnement. Il assure ainsi la coordination musculaire et posturale afin de rester en phase avec les lois de gravitation terrestre.
Cet état analytique de chaque instant se trouve augmenté par les perceptions engendrées par les exigences des cavaliers.
Regardons un cheval en liberté et observons le cheval sous la selle des cavaliers "modernes".
Les chevaux sont contraints artificiellement dans des postures antinomiques et antagonistes.
De fait, leur système nerveux autonome compense en permanence l'absurdité de certaines logiques purement conceptuelles.
Faire baisser la tête d'un cheval et le faire courir durant des kilomètres pour soi-disant tendre et muscler son dos et son encolure revient à le faire travailler sur les épaules, à le mettre en déséquilibre et à user prématurément ses membres antérieurs. Le système autonome du cheval compense en permanence.
Dans l'esprit inverse, un cheval dont on maintient le port de tête artificiellement élevé oblige son système nerveux autonome à compenser de la même manière.
Au niveau de ses perceptions, l'inconfort voire la douleur engendrés par des postures aliénantes ou traumatiques active l'instinct de fuite et donc la perte instantanée de "référence".
Le cavalier devient alors un misérable "suiveur" autoritaire et ignorant.
Les paradigmes et les phénomènes de mode ou de gouroutisation sont définitivement destructeurs pour les chevaux et pour l'équitation.
De fait, la plupart des cavaliers dérèglent et dérangent en permanence les chevaux par des gestuelles inadaptées malheureusement renforcées par des matériels coercitifs.
Pour que le cheval puisse évoluer avec grâce et donner la pleine potentialité de ses capacités, il doit d'abord être libre de ses mouvements.
Symboliquement, une bouche doublement ou triplement fermée par une muserolle serrée, complétée par un noseband et renforcé parfois par une gourmette ne peut plus rien exprimer.
De surcroit, des rênes tendues en permanence annihilent la notion de communication. Elles n'indiquent plus rien. Pire, par l'inconfort et la douleur, elles suscitent la fuite.
Le principe même de communication est alors absent et se transforme en une exigence unilatérale arbitraire.
Rappelons que le cheval ne crie pas et souffre en silence, confortant les cavaliers ignorants dans leurs actions.
Symboliquement, il répond en cela à l'instar des lois universelles, donnant une illusion ponctuelle de succès qui en réalité représente l'amorce d'un naufrage destructeur.
REPONSE ALTERNATIVE
Pour solliciter l'intelligence des chevaux, il convient de les libérer, autrement dit de supprimer tout élément d'inconfort ou de douleur afin de potentialiser la grégarité et la notion de "référent" chez le cavalier.
Celui-ci doit apprendre à contrôler son propre mental pour gérer ses émotions. Car le cheval réagit primordialement par résonance émotionnelle et morphique.
Un langage intelligent établi sur l'échange cognitif développera la communication en la portant au plus haut niveau. Le but n'étant pas de "jouer" avec le cheval, mais de créer une symbiose qui permette de le rendre volontairement supplétif et collaboratif au plus niveau, quelque soit le labeur, l'action ou la discipline.
Comme nous, le cheval se transcende dans l'allégresse, dans la reconnaissance et dans le plaisir.
En selle, le cavalier doit apprendre le "non-agir". Il doit apprendre à se rendre "neutre" dans ses gestes. Sa posture doit se fondre dans le mouvement équestre afin de favoriser l'équilibre gravitationnel universel et de ne pas déranger le cheval qui porte "la charge" tout en se déplaçant dans l'espace à différentes allures.
La gestuelle infinitésimale, la finesse des aides et la discrétion posturale font l'apanage des grands écuyers.
Comprenne qui pourra.
Francis Stuck
Illustration : www.liskallorca.fr
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