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L'erreur de la confusion entre mental et conscience face au paradigme équestre

Dans le paradigme équestre, l’interprétation de la conscience transcende les simples mécanismes d’apprentissage ou de dressage. Le cheval, en tant qu’animal hypersensible, incarne un miroir direct de l’état de conscience de son cavalier. Cette relation, fondée sur une communication subtile et multidimensionnelle, exige une conscience élevée pour permettre une véritable harmonie entre l’homme et l’animal. Confondre le mental et la conscience dans ce contexte produit des tensions, tandis qu’un alignement éclairé engendre un dialogue authentique.

Le cavalier, par son intention et son énergie, dirige le cheval non seulement par des gestes mécaniques, mais aussi par une présence intérieure. La conscience agit comme le guide, tandis que le mental joue le rôle de traducteur entre les intentions subtiles et les gestes physiques. Le cheval, tel un miroir vivant, perçoit chaque nuance émotionnelle et énergétique.

C'est l'objet de mes études et expérimentations avec les chevaux depuis de nombreuses années. Ils nous enseignent ainsi une philosophie de la relation inter-espèce que ne peut pas appréhender la réflexion intellectuelle seule.

Cette philosophie équestre symbolise cette union par des images fortes, telles que celle du centaure, mi-homme mi-cheval, fusionnant la conscience rationnelle et l’instinct naturel. Ce symbole invite à dépasser la dichotomie entre mental et conscience pour entrer dans une relation symbiotique, où les deux aspects s’intègrent harmonieusement.

Quand le mental seul fabrique des automates, l'éveil de la conscience produit l'alchimie harmonieuse.

L’histoire de l’équitation révèle une évolution parallèle entre l’approfondissement de la conscience humaine et le traitement du cheval. Dans l’Antiquité, Xénophon, dans L’Art équestre (IVe siècle av. J.-C.), préconisait déjà une approche respectueuse et intuitive, affirmant que “le cavalier véritable ne contrôle pas par la force, mais par la compréhension et l’harmonie.” Cette vision contrastait avec des pratiques plus brutales, axées sur la domination purement mentale.

Au fil des siècles, l’émergence des écoles équestres de la Renaissance, comme celle d’Antoine de Pluvinel, a renforcé l’idée que le cheval perçoit et réagit à la finesse de l’intention. Le cavalier, par un travail sur lui-même, affine son état de conscience pour établir un lien avec le cheval basé sur la clarté et la confiance.

Pour mieux comprendre, dans une perspective alchimique, le cheval représente la prima materia, matière brute, instinctive, mais dotée d’un potentiel d’élévation. Le cavalier, en tant qu’alchimiste, travaille non seulement à “raffiner” les qualités du cheval, mais également à transmuter sa propre conscience. Ce processus exige une discipline intérieure où les états émotionnels, souvent sources de perturbations, se transforment en sérénité et en présence. Le véritable travail du cavalier doit se faire sur lui-même et non sur le cheval.

La devise alchimique “Solve et Coagula” (dissoudre et coaguler) illustre parfaitement ce processus. Dissoudre les tensions et les distractions du mental permet de coaguler une présence claire et harmonieuse, transmise directement au cheval par des gestes, une énergie et une intention alignés.

Cela s"apprend par des exercices opératifs accessibles à chacun mais méconnus de la plupart.

Le philosophe Martin Buber, dans Je et Tu (1923), explore la relation entre l’humain et l’autre, en particulier dans le cadre de la rencontre. Cette philosophie s’applique parfaitement au paradigme équestre, où le cheval n’apparaît pas comme un simple “objet” de contrôle, mais comme un “autre” à rencontrer dans une relation authentique. Dans cet échange, la conscience du cavalier doit s’élargir pour inclure celle de l’animal, formant ainsi une unité vivante.

Selon l'adage équestre : “L’énergie intérieure guide, le geste clarifie, le cheval répond.”

Dans le paradigme équestre, confondre mental et conscience empêche la véritable communication entre le cavalier et le cheval. La finesse de langage intérieur, portée par une conscience élevée, permet au cavalier de transcender les limitations du mental pour établir un dialogue subtil et riche. Les civilisations ayant cultivé une conscience collective raffinée, comme celle de l’équitation de tradition française issue du siècle des lumières, offrent un modèle où le cheval et le cavalier transcendent la simple performance technique pour entrer dans une danse harmonieuse et spirituelle.

Nous vivons une période fabuleuse car désormais les neurosciences, les sciences du langage interespèces, les sciences de l'intelligence animale et les sciences de la zoosémiotique viennent confirmer et expliquer cette phénoménologie par la transversalité de la pensée.

L’échange avec le cheval, reflet d’un état intérieur, devient alors un chemin d’évolution personnelle et collective, où chaque mouvement et chaque silence construisent un langage universel. Comme le disait un vieux maître écuyer : “Le cheval ne ment jamais. Il reflète l’état de votre âme.”

Comprenne qui pourra ou qui voudra.


Francis Stuck



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