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La voie du silence

Les chevaux communiquent selon un langage non verbal, autrement dit, dans le silence.

Quand bien même ils peuvent s’appeler en hennissant lorsqu’ils sont à distance, au sein du troupeau, ils parlent en silence.

Bien évidemment, on peut éduquer un cheval à la voix. Mais il répond ainsi uniquement par association. Autrement dit, une fois qu’il a appris le mouvement et que le cavalier y associe une consigne verbale précise, très vite le cheval pourra réagir uniquement à la consigne vocale. Il suffit de suivre une leçon d’équitation collective pour découvrir que les chevaux changent d’allure à l’ordre vocal du moniteur.

Au sein du troupeau, ils communiquent essentiellement par résonance morphique et par un langage zoosémiotique, c’est à dire fait de signes et de points de contact.

Le silence doit ainsi devenir une règle d’or.

La communication est avant tout une affaire de fréquences cérébrales. Car tous les Êtres vivants sont à la fois des émetteurs et des récepteurs. Ils émettent en permanence une foule d'informations tant matérielles, que gestuelles, que cérébrales ou émotionnelles. Celles-ci se propagent dans le champ morphique, un champ d'information et d'énergie en expansion permanente.

Le cheval évolue naturellement en fréquences de type « alpha », la fréquence de la paix de l’esprit, de la méditation pour les humains. Comme il ne conceptualise pas, il capte en permanence les informations liées aux Êtres qu'il croise et qui influencent son niveau de conscience par des fréquences alternatives.

De par le bavardage mental incessant, les humains évoluent en temps normal en fréquences de type « beta ». Ils ne perçoivent pas cette richesse informelle en raison du brouillard émis par les pensées continues.

Pour pouvoir parler ensemble, l’homme doit donc se mettre à la portée du cheval.

Car le cheval est incapable de s’élever en mode beta. Ce n’est pas dans sa nature, car il ne conceptualise pas.

Ainsi, c’est un peu comme deux talkie-walkie qui veulent communiquer. Ils doivent être réglés sur le même canal.

C’est pareil pour la communication animale.

On peut se fâcher, s’escrimer, taper, s’emporter, rien n’y fera. Un enfant qui ne comprend pas, ne comprendra pas mieux en le punissant ou en le brutalisant.

Et le cheval a l’âge mental d’un enfant qui a entre 3 et 5 ans.

Tout est dit.

Ainsi, le véritable socle de la communication animale s’établit exclusivement sur la base d'un contrôle du mental et des émotions du cavalier. A défaut, la communication reste unilatérale et arbitraire. L'un vocifère et l'autre obtempère par soumission à des matériels générateurs de douleur progressive.

La vérité se trouve dans une fréquence de paix, de contrôle du mental et des émotions. Elle se situe entre la fréquence alpha et la fréquence beta.

Pour l'atteindre et pour s'y maintenir, il faut pratiquer l'art du contrôle des pensées et des émotions qui s'apparente à un art martial mental. Car les émotions représentent le carburant de la créativité. C'est ainsi une méditation dans l'action.

En cas de dysfonctionnement ou d’incartade disciplinaire, il faut donc toujours aller vers le calme, le silence de l’instant, le silence du geste.

La solution se trouve toujours dans la paix et la communion des esprits.

Pour la communication pratique, il existe un « alphabet » de points de contact sur le corps du cheval qui ont chacun une signification précise.

Seuls quelques rares cavaliers les connaissent. Pourtant, ils constituent la base de la communication non verbale.

En fait, la plupart des cavaliers communiquent avec leur cheval par « onomatopées », un peu comme si nous parlions encore entre nous le langage des hommes préhistoriques.

Alors que les chevaux disposent d’’une réelle intelligence et de capacités cognitives. Les chevaux ont leur propre langue et la plupart des humains leurs parlent comme des hommes primitifs.

Rajoutons à cela que les chevaux ne connaissent pas les urgences de l’horloge. Ils n'ont pas la notion du temps si ce n'est au regard de leurs perceptions biologiques, manger, boire, se reproduire.

Nous avons les montres mais ils ont le temps.

Ils ne connaissent les effets du stress temporel que par les attitudes induites par les humains.

Aussi l’inaction dans le silence porte infiniment plus de vertus qu’une action emportée. Le silence n’appelle ni réponse verbale, ni gestuelle.

Et comme le cheval répond par résonance, il nous retrouvera très vite dans cet espace de paix et de sérénité ou règne la confiance préalable à toute action cognitive.

Tout le reste n’est que gesticulation inutile et bien souvent dictée par un orgueil égotique.

Toute la difficulté réside dans l’aptitude à contrôler notre mental, nos pulsions et nos émotions dans l'action.

Cela ne s'improvise pas, mais s’apprend et devrait être enseigné en priorité à tous les cavaliers débutants.

L’équitation du futur devra intégrer ces apprentissages pour briser définitivement le paradigme de la soumission.

Elle sera infiniment plus douce, plus harmonieuse et plus vertueuse.

Les Dieux des stades ne seront alors pas jugés sur leur aptitude à faire gesticuler un pauvre cheval soumis à des matériels coercitifs et douloureux, mais ils deviendront les symboles de l’alchimie et de l’unité absolue entre tous les Êtres de la création.

Il faut du temps pour qu’évoluent les consciences individuelles et collectives.

Et la conscience ne se modifie que par l’expérience.

Or l’expérience est consécutive à la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage.

Il n’y a pas de magie, ni de miracle, ces enseignements existent mais pour y accéder il faut ouvrir son esprit à des discipliines transversales.

Le plus difficile étant d’accepter de les acquérir pour changer son propre regard sur le cheval et sur l’équitation.

J’ai souvent discuté avec des professionnels qui sourient face à mes allégations et mettent en avant des dizaines d’années d’expérience.

En réalité, ce ne sont que des dizaines d’années de répétition, d'ancrage et de perfectionnement d’un paradigme erroné.

Le chemin s’ouvre uniquement dans le silence et dans l’humilité de la remise en question.

Comprenne qui pourra ou qui voudra …


Francis Stuck


Illustration de Artist Fefa Koroleva





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